Le Ramadan, un mois bénis

Publié le 10/05/2022

Le terme “Ramadan” provient de “ramida ou ar-ramad” qui signifie “Grande Chaleur” en arabe. Le mois du Ramadan a été instauré la deuxième année de l’hégire, soit en 624 de l’ère chrétienne. Le Ramadan désigne un mois de jeûne et de recueillement spirituel. Le jeûne constitue un des cinq piliers fondamentaux de l’Islam. Avant d’être une simple purification du corps physique, c’est avant tout une purification de l’âme. Comme une forme de mise à jour spirituelle.

1. Une connexion privilégiée

Pendant cette période, les musulmans doivent prier, méditer, réfléchir à leur foi et essayer d’être meilleurs dans leur comportement.

Il est essentiel pour le musulman de comprendre la véritable raison de son jeûne. Beaucoup de gens jeûnent par tradition, sans vraiment comprendre la signification spirituelle de cet acte. D'autres la réduisent à un simple geste d'empathie envers les pauvres. Bien qu’il s’agisse d’une heureuse conséquence du jeûne, ce n'est pas le but initial. Comme mentionné dans le Coran  (2:183) : "Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés, afin que vous puissiez atteindre la taqwa (la conscience divine)."

En contrôlant et en limitant nos besoins physiques, nous gagnons en force pour la plus grande bataille : contrôler et restreindre le désir de notre âme (évoqué sous le nom de “Nafs” dans l’islam). Lorsqu’un musulman jeûne, chaque sensation de faim lui rappelle Dieu “Allah”, celui pour qui le sacrifice est fait. À travers ce sacrifice, le jeûneur devient plus conscient de la présence de Dieu (“taqwa”).

De la même manière, c’est la conscience de l’omnipotence divine qui donne le courage de tenir le jeûne durant tout le mois, même lorsque l’on se retrouve seul face à soi-même.

C’est cette volonté que l’on cultive durant le jeûne qui nous sert ensuite à combattre nos bas instincts tout le reste de l’année.

Le Prophète Mohammed  ﷺ  a dit :

Celui qui n'abandonne pas les paroles falsifiées et les mauvaises actions, Allah n'a pas besoin qu'il abandonne sa nourriture et sa boisson." (AlBukhari)

Le Prophète a également ajouté en disant :

Beaucoup de gens qui jeûnent n'obtiennent rien de leur jeûne, sauf la faim et la soif, et beaucoup de gens qui prient la nuit n'en obtiennent rien, sauf l'éveil. (Darimi)

En effet, les musulmans jeûnent pour de multiples raisons, toutefois l’objectif central est bien l’éveil spirituel. Un changement profond de la conscience est possible grâce à un détachement du monde physique et de ce qu’il contient. Mais comment le jeûne permet-il réellement le déclenchement de l’éveil ?

Nous sommes facilement attachés à ce monde et ce qu’il contient, ainsi le ramadan se présente comme une tentative d’échappatoire à notre quotidien. Ainsi l’interruption de tous les plaisirs mondains, pendant une durée allant du lever au coucher du soleil, permet de bâtir un terrain idéal à l’élévation de l'âme. 

Le système conscient et inconscient entre dans un processus de transformation interne, les variations énergétiques influencent la pensée et le comportement. Désormais, il ne s'agit plus de ce que nous pensons, mais plutôt de ce que nous ressentons.

Pendant le jeûne, il faut saisir le tableau d'ensemble, car ce dernier ne consiste pas seulement à rester à l'écart de la nourriture. Il s'agit avant tout de s'efforcer de devenir une meilleure personne. Et par cet effort, l’opportunité d'échapper à l'obscurité de notre propre isolement se présente. Mais comme le soleil qui se couche à la fin de la journée, le Ramadan va et vient, ne laissant que sa marque sur le ciel de notre cœur.

2. Histoire et origines prophétiques du Ramadan

Le mois sacré du Ramadan marque la période de la révélation du livre saint des musulmans : Le coran, le terme en arabe  قُرْآنٌ (qur'ânũ) signifie “lecture”. 

Le calendrier lunaire islamique suit les phases de la Lune, ainsi la date du début du jeûne varie chaque année. Le début et la fin du Ramadan sont déterminés par un comité d’observation de la Lune situé en Arabie saoudite.

Le Ramadan est également un héritage prophétique, car il a été révélé par le biais des messagers de dieu. On rapporte que le Prophète Mohammed ﷺ  a dit :

Le Livre d’Abraham a été révélé la première nuit du mois de Ramadan ; la Torah a été révélée le six du mois de Ramadan ; l’Évangile a été révélé le treize du mois de Ramadan… et le Saint Coran le vingt-trois du mois de Ramadan.

Plus spécifiquement, selon la révélation, le saint Coran, aurait été révélé de l’ange Gabriel au prophète Mohammed ﷺ lors de la 27e nuit du mois du Ramadan. Cette dernière correspond à la “nuit du destin”.

L’Imam as-Sadiq rapporte que : “Durant Laylatul Qadr “la nuit du destin”, les Anges et le Saint Esprit descendent au Paradis Inférieur afin de rédiger les décrets de Dieu pour cette année, et si Dieu souhaite avancer le terme de quelque événement ou le reculer ou le modifier, Il ordonne aux Anges d’effacer l’ancien décret et de le remplacer par ce qu'il a décidé.”

3. Un commandement divin

Le jeûne correspond au 4ᵉ pilier de l’Islam. C’est une prescription fondamentale de la foi du musulman. C’est le reflet de la miséricorde de dieu pour ses serviteurs. En effet, cet acte d’adoration privilégié permet aux croyants musulmans d’atteindre plus facilement ce qui se nomme la “taqwa” (arabe : تقوى taqwā / taqwá ") qui se définit par la conscience et reconnaissance de Dieu “Allah”.

Quelques règles régissent le déroulement du mois du Ramadan. En effet, durant un mois entier et pendant toute la journée, les musulmans ne doivent ni manger, ni boire, ni avoir de relations intimes, ni fumer. Ces interdits doivent être respectés de l’aube “Fajr” au coucher du soleil “Maghreb”. Le jeûne du ramadan doit être effectué par l’ensemble des fidèles, et ce, dès l’âge de la puberté.

Toutefois, à cela, il existe quelques exceptions. Les personnes malades ou en voyage et les femmes enceintes ou qui allaitent sont autorisées à ne pas jeûner.

4. Éveil collectif : Un mois de partage et de dons

Pendant le Ramadan, les musulmans cherchent à grandir spirituellement et à renforcer leurs relations avec Dieu “Allah”. Ils le font en priant et en récitant le Coran, en rendant leurs actions intentionnelles et désintéressées, et en s'abstenant de médire, de mentir et de faire usage de violence.

De plus, une autre conséquence de ce mois béni, est le partage et l’entraide. La générosité et la charité sont des valeurs essentielles pour le musulman et d’autant plus durant cette période.

Durant le Ramadan, de nombreuses actions de charité sont réalisées par les commerçants et bénévoles musulmans. Les restaurateurs convertissent leur commerce en lieu de préparation de repas pour les plus nécessiteux. De multiples associations et dons de commerces musulmans (boucherie, épicerie, …) se joignent à l’action, afin de permettre la réalisation de plus de 200 repas par association, chaque jour, pendant un mois. Les mosquées distribuent également des repas. Ces actions ne sont possibles que par l’implication de nombreux bénévoles. En effet, des plus âgés aux plus jeunes, tout le monde participe.

Le repas du soir “Al iftar” est également l'occasion pour les musulmans de se réunir avec d'autres membres de la communauté et de rompre le jeûne ensemble. Entre voisins, familles ou amis, le Ramadan est une occasion de partage. Les prières du soir “Tarawih”, qui ont lieu après le repas, sont un moment de rassemblement privilégié. L’ensemble des fidèles se rejoignent à la mosquée pour prier. Une série de prières rythmées par la récitation du Coran sont réalisées. Durant les 10 derniers jours du Ramadan, des repas sont partagés après les prières nocturnes.

L’intérêt à l’égard des plus nécessiteux est un point central de la foi du musulman. En effet, les personnes indisposées durant une période plus ou moins étendue durant le mois de Ramadan, ont pour obligation religieuse de jeûner un nombre de jours équivalent et ce avant l’arrivée du prochain mois béni. Les fidèles n’ayant pas eu la possibilité de jeûner avant le prochain Ramadan, doivent nourrir un nécessiteux pour chaque jour non jeûné.

Enfin, à la fin du Ramadan, les musulmans pratiquent l’aumône, en versant de l’argent ou des denrées alimentaires à quelqu’un dans le besoin ou à la mosquée qui se charge de les distribuer. Cet acte de solidarité est obligatoire pour tous les musulmans, cela permet de purifier son argent et d’aider son prochain. Sur un plan spirituel, l’aumône est un sacrifice pour la cause de Dieu et un test afin de mesurer le degré de confiance que nous avons en Dieu “Allah”. En effet, cela se base sur de nombreux postulats qui existent en Islam. Le Coran dit :

Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d'Allah ressemblent à un grain d'où naissent sept épis, à cent grains l'épi. Car Allah multiplie la récompense à qui Il veut, et la grâce d'Allah est immense, et Il est Omniscient » “La Vache. V : 261

5. Fin du Ramadan : célébration de l’Aïd

“Aïd el fitr” se traduit par la fête de la rupture. C'est une cérémonie religieuse qui marque la fin du mois de ramadan, par l’observation de la nouvelle lune (à l’œil nu, par un télescope), et le début du mois suivant « chawwal ». Elle désigne la rupture définitive du jeûne.

La tradition veut que l'on réalise un bain de purification “Ghusl”, que l’on porte des vêtements neufs, que sur le chemin de la mosquée, on mange quelque chose de sucré (comme une datte) et que l'on récite une petite prière appelée takbeer.

La journée de fête débute tôt le matin  dans les mosquées, par la prière de l'Aïd. S'ensuit des échanges fraternels de vœux, des distributions de friandises, et de gâteaux. Une ambiance particulière se dresse ; partagée entre la nostalgie du Ramadan, la joie et les sourires, mais également les pleurs de ceux qui ont perdu des êtres chers. Toutefois, la joie triomphe dans les cœurs de ceux qui espèrent.

La journée se poursuit par la visite des morts, des malades et des plus âgés de la famille. C’est un moment de convivialité et de partage. Cela permet de raviver les liens sociaux. 

Sur un plan spirituel, l’Aïd symbolise le triomphe accompli lors des privations du Ramadan. C’est également la miséricorde de dieu qui descend sur les serviteurs comme récompense pour leurs nombreux sacrifices. 

Les musulmans ne possèdent que deux fêtes religieuses par an : “Aïd el fitr” et “Aïd el adha” qui a lieu quelque temps après, durant le mois de “Dhou Al-Hija”. Cette dernière signifie la « fête du sacrifice » et représente la fête principale des musulmans. Ce jour célèbre la dévotion d'Abraham (Ibrahim dans la tradition musulmane) auprès de Dieu. Le sacrifice de son fils "ismaël" est une marque d’amour et de réaffirmation de l’unicité avec le divin. Ainsi dieu par miséricorde le remplacera par le sacrifice d’un mouton. Cette célébration permet aux croyants de réaliser une introspection sur le contenu de leur cœur, afin de purifier ce dernier de toutes associations et barrières à la concrétisation de l’unicité divine. Enfin, la charité et le partage sont des valeurs centrales qui rythment ce jour de fête.

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